Les hommes s’étaient massés dans le silence autour de ce rectangle creux de terre nue. Les mains jointes, les tenues sombres, les mines tristes ou neutres, tous avaient regardé le cercueil clair s’enfoncer, pour un ultime adieu. Viendraient ensuite les plaques, fleurs, messages.
Puis la vie avait repris son cours, certains au travail, vendant des fleurs, souriant aux clients, d’autres dans l’église, à confesser, baptiser, enterrer d’autres personnes.
Mais pour quelques âmes, la vie se figeait un temps dans les larmes, dans le refus d’avancer, de voir que les autres, où qu’ils soient, dehors, à la télévision, vivaient comme s’ils n’était rien arrivé, comme si le décès de leur proche n’avait pas d’importance. Parce que la mort avait arraché aux vivants un inconnu aux yeux du monde, alors seules certaines personnes concernées, se muraient dans le silence, la colère, le sentiment d’injustice, et s’acharnaient à continuer de faire vivre le défunt à travers la pensée, les prières, les objets qui prenaient la poussière. Et seul le temps pourrait adoucir la douleur, et donner le recul pour de nouveau faire un pas en avant, et rejoindre la foule de vivants.
De là-haut, c’était habituel. Les morts attendaient tous ensemble dans un ailleurs indéfinissable, impalpable, intemporel, depuis des milliers d’années, depuis l’Homme, sans savoir quelle serait la suite. Ils avaient vue sur des bribes de vie des êtres qui leurs étaient chers, mais avaient aussi rejoint ceux qui avaient trépassé avant eux. Ainsi était la vie, la mort, et cela continuerait jusqu’à la fin de ce monde.
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