Je m’étais éveillée en campagne, dans une maison calcinée. Nue, couvertures, armoires, lit en cendres. Seules les briques étaient encore là, cuites. J’étais noire de suie, mais n’avais rien senti.
Je n’en croyais pas mes yeux, mais mon nez insistait sur la véracité des faits. Mon foyer et ma grand-mère avaient entièrement brûlé la nuit, sans que je n’entende, ne sente rien du tout. Et j’allais très bien.
Alors, secouée, ébranlée, en proie à une réflexion tourmentée, je quittai le bûcher éteint, fumant, pour marcher comme un fantôme dans les herbes hautes, en face de la maison. Mes yeux réclamaient des larmes mais ils restèrent secs. Je passai la main dans mes cheveux, toujours présents. Je ne comprenais pas.
Au loin, le ciel de plomb annonçait un orage magnifique. J’adorais les orages. Depuis toujours. Des arbres plus loin délimitaient la plaine sèche.
Lorsque l’ozone envahit l’espace, et que les premiers crépitements du ciel m’invitèrent à les regarder, mes doigts leur répondirent, parcourus d’étincelles, de flammèches.
En moi, brûlait un feu intense. Mon cœur n’était plus que braises. Alors que je tournais sur moi-même, les bras ballants, le sourire enflammé, mes mains projetèrent un feu pur, divin. J’étais une déesse. Les herbes commencèrent à brûler autour de moi, et les flammes léchèrent mes chevilles. Chaleur sensuelle. J’avais déjà oublié mon premier bûcher. Mais je ressentais pleinement la communion avec le feu, le pouvoir, la nature, et l’une de mes mains se dirigea vers mon sexe, pour le caresser.
La fournaise orangée montait vers le ciel, moi au milieu, et je jouissais d’un tel spectacle. L’orage se joignit à moi, et un éclair me perça le corps, comme un membre qui voulait me faire l’amour, me posséder un bref instant. Consentante, je l’appelai de toute mon âme et il me foudroya frénétiquement, véritable feu d’artifices me faisant cadeau de multiples orgasmes. Je me cambrais de plaisir, animal en proie au sexe sauvage et inédit, les doigts dans la terre brûlante. J'entendis les grondements du ciel, jouissant eux aussi, et des nuages d'orage mêlés à la fumée me caressèrent telles des mains agiles.
Allongée dans mes flammes, aimée par les éclairs et le tonnerre, je gémissais dans un souffle, comme une femme que je n’étais plus. Non, j’étais bien plus que ça. Une mutante à la puissance inégalée. La Déesse du Feu.
Oui, la sensualité dans les flammes :)
C'est brûlant de plaisir !!! Je dirais même un plaisir enflammé :)