J’assiste à la naissance de nuages lourds et emmêlés sur l’horizon d’azur, l’eau salée montant sur mes chevilles comme une caresse. Les pieds dans le sable mouillé, immobile, j’observe le soleil caché par la masse d’un blanc-gris. Nature artiste et libre dans ce paysage marin. Un vent tiède se lève, jouant avec ma longue chevelure blonde et le bas de ma robe, doucement fouettée sur mes genoux. Mes yeux reflètent les couleurs changeantes. L’eau d’un vert pâle se ternit, tandis que les oyats des dunes, plus lointains, s’illuminent, dansant au gré du souffle iodé. L’humidité de l’air imprègne ma chair et le frais s’installe, faisant réagir les pores de ma peau.
Au-dessus des vagues qui s’agitent, animées par l’averse menaçante, de longs grondements jouent leur musique effrayante. Pourtant je reste figée devant ce spectacle qui me va si bien. Les nuages se bousculent, s’entrechoquent comme pour se disputer un territoire qui leur appartient de toute façon. Comme des animaux aériens, leur ballet m’hypnotise. Le ciel exprime sa rage, étouffant les bruits alentours. Sous mon regard d’admiration, un éclair sauvage s’abat au loin, pendant que le ciel apporte obscurité et fins éclats de lumières aléatoires, crépitants.
Enfin, les premières gouttes venant de l’affrontement des cieux s’écrasent sur le sable, sur mon corps vêtu d’été. J’inspire l’ozone, le sel, la douceur de l’embrun.
Bientôt, je lève visage et mains vers les formes volumineuses aux différentes nuances de gris et appelle l’orage d’un cri inhumain, tonitruant. Les cieux me répondent, offrant à chacun de mes doigts, des éclairs fins comme des cheveux, anguleux comme leur naturelle colère et je m’en nourris avant de me fondre en eux, silhouette fantomatique, effilée, s’envolant à la vitesse de la tempête. Là-haut, moi aussi je m’exprime à grands cris, secouant des vagues hautes, tentant de nous rejoindre sans y parvenir. Un rideau d’eau s’empare du paysage, fins barreaux d’une prison libre.
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