(Pour la lecture de ce texte, je conseille d'écouter la chanson "Armenia", jouée quelques secondes dans le film Heat)
Ça venait tout juste de commencer. Beaucoup ne prenaient pas la situation au sérieux, croyant à des mensonges médiatiques. Pourtant, nous avions quelques obligations. Et il nous fallait faire avec. Masques, distanciation sociale. Certains viraient parano, d’autres étaient zen et obéissaient simplement. Un peu comme moi. Après tout, nous ne savions pas encore grand-chose de la situation.
Il n’y avait que quelques cas dans le pays, le gouvernement voulait pouvoir continuer une vie normale pour tous, plus ou moins… Mais les erreurs et les mauvaises informations se font et arrivent si vite…
Les portes du bus se sont ouvertes à l’arrière. Déjà, quelques personnes étaient assises, protégées, loin les unes des autres. Quant à moi, je pénétrai à l’intérieur et portais un gant. Je choisis de rester debout. Les regards de méfiance en tous sens, désormais seules expressions du visage, visibles.
Le silence des voyageurs, la voix enregistrée nous rappelant les gestes barrières toutes les cinq secondes, la chaleur sous les masques dans cet été dérangeant. La respiration courte, l’air étouffant.
Le chauffeur se mit en route, mais la glace intérieure ne se brisa pas entre les personnes figées sur leur siège. Je remarquai quelques œillades intéressées sur moi et détournai le regard, lorsqu’un corps désarticulé se jeta sur le pare-brise, accélérant les pouls, amenant tout le monde au sursaut, aux cris de surprise, de peur.
Un suicide ? Non. Le chauffeur pila et je faillis tomber à la renverse. Secousses dans le véhicule. Du sang en quantité sur la grande vitre, désormais fissurée. Des yeux laiteux sans expression, des dents rougeâtres claquant les unes contre les autres. Des doigts crochus s’accrochant, crachats colorés, cris inhumains.
Puis un nouveau choc, contre la vitre près de moi. Violent, terrifiant. Une vieille dame cernée au teint de cendre, un regard de craie strié de rouge. Une force insoupçonnable, et la main passa à l’intérieur et m’agrippa fermement.
L’Enfer commençait, et beaucoup de nous mourraient, avant de se relever morts de faim, de violence, incontrôlables…
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