L’adolescence m’avait fait accrocher des posters de mes idoles en travers des murs de ma chambre, fumer quelques pétards, rouler des pelles à quelques jolies filles. Mais ce soir, mon corps réclamait sa liberté totale.
Alors sans prévenir qui que ce soit, j’ouvris la porte d’entrée, baskets aux pieds, sourire jusqu'aux oreilles, et je me mis à courir, éclairé par la lueur jaune des réverbères. L’air frais me vitalisa et j’accélérai, rue après rue, jusqu’à quitter la ville pour rejoindre son paysage d’herbes et de rocailles.
Loin des vapeurs humaines, la Lune me semblait plus belle, presque pleine, blanche. Je continuai ma course effrénée en y jetant quelques coups d’œil fascinés. Les étoiles décoraient le paysage de ma course folle.
Les herbes me fouettaient les chevilles dans des « frouch frouch » de vitesse. Je montai désormais une colline rocailleuse, bandant les muscles de mes cuisses afin de ne pas perdre de célérité. La sueur commença à perler sur mon corps, vite absorbée par mes vêtements et cheveux.
L’odeur d’herbes sèches, de nuit sauvage emplissait mes poumons, renforçant mon désir de liberté totale et infinie.
J’arrivai en haut sans ralentir, et sur le plateau me révélant la beauté et l’immensité du paysage nocturne, je poussai un hurlement de joie, de liberté totale, et me sentis plus vivant que les sept milliards d’humains ensemble.
Mon cri fit écho, de collines en collines, de troncs en troncs, et perça le ciel, j’en étais certain.
Le regard souriant, luisant de lumière de Lune, cet astre éternel et magnifique, je vis alors l’impensable. Un cône de feu intense et lointain arriver à la vitesse de l’univers sur notre Satellite nocturne.
Dans un grand BOUM résonnant dans le sol, les plantes, les cœurs, amenant les chiens au loin à hurler de toutes leurs forces, la Lune se fissura brièvement avant d’éclater en morceaux, certains éclairés, d’autres non.
La liberté dans mes entrailles se mut en choc, tristesse, désespoir et fascination. Je tombai à genoux tandis que certains morceaux de roche lunaire arrivaient à grande vitesse vers Nous.
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