Debout au bord de la falaise, vêtements et chevelure flamboyante fouettés par le vent d’automne, j’observais en bas, la rivière, les rochers, la mort, à travers mes larmes. Il ne restait plus de poissons dans cette eau. Entre les rochers, gisaient les déchets de l’humanité. Sacs poubelle, canettes, excréments, et pourtant, pourtant… J’étais loin de la ville la plus proche.
Le ciel avait pris une teinte sale de nuages permanents, pollués, englués. Lorsqu’il pleuvait, nous devions nous mettre à l’abri, désormais. Les pluies acides piquaient la peau, et creusaient dans les chairs des plus fragiles. Alors pourquoi rester ? Les villes devenaient inhabitables, et les gens mouraient de maladies atroces et douloureuses. Les enfants et vieillards partaient les premiers.
Depuis peu, je vivais avec d’autres, comme nos lointains ancêtres, dans une grotte protégée, dans laquelle il y avait des règles. Les animaux reprenaient leurs droits, aussi, il nous fallait un feu permanent. Il nous restait quelques vestiges de civilisation, mais je ne voyais plus d’espoir. Venise sous les eaux, nos anciennes destinations de voyages, magiques, magnifiques, étaient désormais comme le reste. Ternes, polluées, jonchées de cadavres. Les cimetières s’étaient multipliés partout à grande vitesse.
Pourtant, pourtant… Au moment où je voulus me laisser tomber pour mettre fin à cette misère, une main me rattrapa. Surprise, je tournai la tête et la main m’éloigna du bord. Un homme de la grotte, que je ne regardais pas, comme tous les autres, un peu comme si nous n’étions plus qu’une fourmilière effrayée et inutile, un homme, oui, me sourit, et garda ma main dans la sienne. Cette fois, je le vis, et le trouvai beau. Quelques cheveux blancs commençaient à peine à se montrer parmi le châtain.
++ Non, me dit-il. L’espoir est toujours là. Je sais que tu ne crois plus en rien, que tu n’as plus envie de rien. Je t’observe depuis des semaines. Mais mon cœur bat pour le tien, et j’aimerais que tu me laisses une chance de te montrer ce qu’il existe encore, qui mérite de rester.
J’en fus abasourdie, et de nouvelles larmes s’échappèrent. Je me jetai contre son torse, perdue, mais un peu reconnaissante, et sa chaleur me fit du bien. Un premier bienfait… Y en aurait-il d’autres ?
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