Un sac à dos, un vélo, et en route. Mes longs cheveux blonds balayés par le vent, je souriais, un sentiment de liberté s’insinuant dans tout mon être. Mon cœur s’emballait autant que moi, aussi je me mis à pédaler plus fort.
Aux abords de la forêt, je descendis de vélo, et dévalai la pente avec lui à mon côté, jusqu’à un endroit bien précis. J’avais déjà érigé une tente de branchages pour deux personnes, et préparé un coin feu de camp sécurisé. Je balançai mon sac dans mon abri et allumai un petit feu, qui le guiderait jusqu’à moi. Puis je m’assis en tailleur et attendis, nerveuse. Allait-il franchir le pas ? Serait-il retenu ? Pourrions-nous commencer Nôtre vie, après celle que nous avions déjà vécue ?
J’entendais les petits animaux s’affairer un peu plus loin lorsqu’un bruit plus fort me fit tendre davantage l’oreille. Des bruits de pas non discrets, craquaient branches et brindilles. Cela me fit sourire.
Il apparut dans la lueur de mon feu, et j’étais debout, prête à l’accueillir. Je lui souris, et vis ses yeux noirs pétiller dans la nuit. Alors je me jetai dans ses bras, et il me fit tournoyer, puis je m’accrochai à lui, jambes nouées sous ses petites fesses. Nos lèvres se trouvèrent sans se chercher, affamées, mordillant, suçant… et nous nous glissâmes dans l’abri. Il arracha presque mes vêtements, sans un mot, ses prunelles plongées dans les miennes. Ce soir, il avait une allure inquiétante qui commença à me refroidir un peu. Je me demandais ce qui venait de changer chez lui, s’il s’était passé quelque chose dans la journée, mais sa bouche revint sur la mienne et me mordit jusqu’au sang, tandis qu’il me pénétra brutalement. Surprise par sa sauvagerie, je ne suivis pas tout de suite le rythme, mais son excitation évapora mes questions, et je répondis à ses hanches. Autour de nous, les petites bêtes fuyaient et le feu sembla plus grand, plus chaud, des étincelles de joie claquaient non loin. J’étais en sueur, mais j’étais si bien, tellement vivante ! Griffes, morsures, grondements, gémissements, puis, l’un à côté de l’autre, nous reprîmes notre souffle. Je me mis à rire, mais il ne m’accompagna pas.
Je me redressai sur un coude, nue, mes vêtements éparpillés dans la verdure, et j’ouvris la bouche pour lui poser mes questions. Il me semblait si lointain, ce soir, malgré notre étreinte.
Seulement, je reçus un coup, qui me coupa net le sifflet. Dans mon ventre, quelque chose remuait, montait, grossissait. Paniquée, je me mis à reculer comme une araignée à moitié écrasée, sous l’œil à peine intéressé de mon compagnon. Tandis que je lui demandais une aide qui ne viendrait jamais, je vis et sentis des doigts sous ma peau, écarter ma cage thoracique, qui craqua comme une carcasse découpée chez le boucher. Je hurlai davantage, jusqu’à ce qu’un énorme dard noir et pointu ne me transperce la poitrine, et qu’une espèce de scorpion au visage humain ne sorte de mes tripes, irisé, visqueux, ses yeux terrifiants passant devant les miens. J’appelai la mort de toute mon âme sous la douleur de l’accouchement des enfers, et ce ne fut que lorsque la créature se secoua pour enlever un morceau de mon colon qui gênait sa vue, que la faucheuse m’emporta.
Mon compagnon se rhabilla, la créature à son côté, attendant clairement les ordres de son maître… de son Père. Il récupéra ses affaires, attisa le feu d’un vague geste de la main dans l’air, et lança mes restes dans les flammes.
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