J’avance à quatre pattes parmi les feuilles. Mes yeux luisent d’envie sous le soleil couchant. Un coup de langue sur la peau, narines dilatées qui frémissent. Mes dents sur son cou, la peau craque comme une pêche pas tout à fait mûre. Juteuse. La soif se rappelle à mon souvenir. La viande est tendre sous mes molaires, facile sous mes incisives, perdue d’avance, sous mes canines.
Ma bouche déchire la peau de l’abdomen dans des bruits de tissus qui s’étirent. Mes mains fouillent et sortent les viscères encore pleins. Bruits mouillés dans la forêt. Le tapis de verdure accueille ce dont je ne veux pas, changeant de couleur pour s’adapter à moi. Servile Nature, ode au trépas. Déjà, quelques insectes viennent grouiller autour de moi. La menue vermine remue sous le feuillage, dans des petits bruits qui pourraient passer inaperçus. Je les connais bien, maintenant. Ils sont là, mes petits acolytes affamés. Toujours présents pour se charger de ce que je vais laisser.
Rouge est mon visage, comme ce liquide qui s’écoule de ma proie. Bien vite, elle se tarit, et la terre boit son dû. Vide est mon regard, esprit serein, âme lisse. Fraîche est la jeunesse, course à perdre haleine. Je poursuis la peur, l’instinct de survie, comme un défi. Les cris dans la nuit n’attireront personne. Nous sommes deux face à la Nature, loin des Hommes. Loin du quotidien si banal. Loin des fades envies si facilement assouvies, je chasse, je cueille, je sens, je me nourris, et suis récompensé par ces vies qui échouent contre la mienne. J’offre la mort, le repos, ainsi qu’une fin honorable, dans le combat et le désespoir. Je suis un Cannibale.
Brrr !!!