Elle rêvait, petite fille aux yeux ronds comme des billes. Elle jouait, poupées de chiffons avec un regard de boutons. Famille unie, ils s'aimeraient pour la vie. Mais l'Histoire les a interrompus, et jetés dans la rue. Entassés dans les wagons, l'air était nauséabond. Tous ces compagnons d'infortune, ces enfants priant la Lune. Envies pressantes dans les recoins, comme des animaux, odeur de purin.
Un aller sans retour, leur laissant juste l'amour. Puis les liens défaits, dans la maigreur et les regrets. Des vivants emplis de haine, maltraitant des non-vivants pleins de peine.
A jamais dans les mémoires, ne jamais leur dire au revoir.
J'ai été en Allemagne de l'est en 70, visité un camp de concentration avec un groupe de jeunes franco allemand. Nous en sommes ressortis tous chamboulés par tant d'horreur...