Nous venions de décoller. Pour moi, c’était la première fois.

Debout au bord de la falaise, vêtements et chevelure flamboyante fouettés par le vent d’automne, j’observais en bas, la rivière, les rochers

Comme un ballon gonflé à l’hélium, mon corps n’a jamais tenu compte de la gravité.

Lorsqu’il me vit arriver, éclairée par une demi-lune et des étoiles nues, il afficha ce sourire craquant auquel je ne pouvais pas résister

Enterrée jusqu’au cou, mon visage n’était plus que larmes. Mes cheveux gras me grattaient et je ne pouvais rien y faire

Je dansais sans le quitter du regard, un sourire béat sur le visage. Quinze ans, mon jupon tournoyait avec nous.

Entre chien et loup, le meilleur moment pour moi. Je sors de la chambre d’hôtel, remonte le col de mon imper,

La fumée se dissipait autour de moi. J’étais allongée, nue dans le tipi, une chaleur moite me recouvrant totalement.

Ma harpe glissait sous mes doigts pour la dernière fois.

Un sac à dos, un vélo, et en route. Mes longs cheveux blonds balayés par le vent, je souriais, un sentiment de liberté s’insinuant dans...

Au loin, le ciel de plomb annonçait un orage magnifique. J’adorais les orages. Depuis toujours.

Je me réveillai péniblement et quittai le lit comme un automate, pour rejoindre la chambre adjacente à la mienne. Pas de Maria dans le lit

Nouvelle lune. Une nuit noire sans nuages. Comme une étoile filante, presque silencieuse. Puis un choc sourd. 1925.

L’adolescence m’avait fait accrocher des posters de mes idoles en travers des murs de ma chambre, fumer quelques pétards, rouler des pelles

Le soleil se levait pour la première fois sur notre Monde. Éblouissant dans le ciel pur azur.